"Les femmes de droite" d'Andrea Dworkin (éd. Observatoire de l'antiféminisme) ...
Je
peux juste conseiller de lire ce bouquin, lecture directe et abordable,
il est enfin traduit en français par Martin Dufresne et Michele Briand
(édition originale américaine datant de 1983), il est préfacé par
Christine Delphy. J'avais été l'écouter présenter le bouquin à la
librairie Violette and Co. J'aimais déjà Dworkin avant ("Pouvoir et violence sexiste" éd. Sisyphe étant un de mes favoris).
Le livre est riche et dense, je ne peux que conseiller de le lire.
Par "femme de droite" Dworkin entend "femme conservatrice", une phrase qui l'explique assez bien :
"Personne ne peut endurer une vie dénuée de sens. Les femmes luttent
pour le sens de la même façon qu'elles luttent pour la survie : en
s'attachant aux hommes et aux valeurs que respectent les hommes. En se
vouant aux valeurs masculines, les femmes tentent d'acquérir de la
valeur. En prônant le sens masculin, les femmes tentent d'acquérir du
sens." (p 30)
Voici quelques liens assez longs pour vous faire une idée,
sur le blog "entre les lignes entre les mots" :
• 1ère partie : Ce qui parait le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif (première partie) | Entre les lignes entre les mots
• 2ème partie : Ce qui parait le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif (seconde partie) | Entre les lignes entre les mots
• 3ème partie : Ce qui parait le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif (troisième partie) | Entre les lignes entre les mots
• dernière partie : Ce qui parait le plus noir, c’est ce qui est éclairé par l’espoir le plus vif (dernière partie) | Entre les lignes entre les mots
J'ai trouvé intéressant de juxtaposer 3 extraits de mes féministes préférées, Andrea Dworkin, Benoîte Groult, et Florence Montreynaud. J'ai mis en gras le principal.
(p 218) de "Les femmes de droite" d'Andrea Dworkin
"Une autre discipline est essentielle à la pratique du féminisme et à son intégrité théorique : le constat ferme, sobre et soutenu du fait que les femmes forment une classe et partagent une condition commune. (…)
Cela ne signifie pas les femmes d'abord, les femmes meilleures, uniquement les femmes. Mais cela signifie que le sort de chaque femme - quelles que soient ses opinions politiques, sa personnalité, ses valeurs ou ses qualités - est lié au sort de l'ensemble des femmes, que cela lui plaise ou non. À un premier niveau cela signifie que le sort de toute femme est lié au sort de femmes qu'elle n'apprécie pas personnellement. À un autre niveau, cela signifie que son sort est lié au sort de femmes qu'elle déteste au plan politique et moral. (…)
Être féministe, c'est reconnaître que l'on est associée à toutes les femmes, non par choix, mais de fait, un fait créé par le système de classes de sexe."
(p 24) de "Ainsi soit-elle" de Benoîte Groult
- "Et même les femmes qui les haïssent ont bénéficié du courage de chacun des mouvements féministes. J'aimerais qu'elles le sachent ou qu'elles le sentent, car c'est le livre de l'amitié que je voudrais écrire, ou plutôt le livre de ce qui n'existe pas encore, d'un sentiment et d'un mot qui ne sont même pas dans le dictionnaire et qu'il faut bien appeler, faute de mieux, la "fraternité féminine".
et là j'ai justement envie de citer Florence Montreynaud qui parle d'Adelphité pour dire cette fraternité féminine ou sororité :
"Une autre discipline est essentielle à la pratique du féminisme et à son intégrité théorique : le constat ferme, sobre et soutenu du fait que les femmes forment une classe et partagent une condition commune. (…)
Cela ne signifie pas les femmes d'abord, les femmes meilleures, uniquement les femmes. Mais cela signifie que le sort de chaque femme - quelles que soient ses opinions politiques, sa personnalité, ses valeurs ou ses qualités - est lié au sort de l'ensemble des femmes, que cela lui plaise ou non. À un premier niveau cela signifie que le sort de toute femme est lié au sort de femmes qu'elle n'apprécie pas personnellement. À un autre niveau, cela signifie que son sort est lié au sort de femmes qu'elle déteste au plan politique et moral. (…)
Être féministe, c'est reconnaître que l'on est associée à toutes les femmes, non par choix, mais de fait, un fait créé par le système de classes de sexe."
(p 24) de "Ainsi soit-elle" de Benoîte Groult
- "Et même les femmes qui les haïssent ont bénéficié du courage de chacun des mouvements féministes. J'aimerais qu'elles le sachent ou qu'elles le sentent, car c'est le livre de l'amitié que je voudrais écrire, ou plutôt le livre de ce qui n'existe pas encore, d'un sentiment et d'un mot qui ne sont même pas dans le dictionnaire et qu'il faut bien appeler, faute de mieux, la "fraternité féminine".
et là j'ai justement envie de citer Florence Montreynaud qui parle d'Adelphité pour dire cette fraternité féminine ou sororité :
"Un mot inventé, pour un sentiment à imaginer, à rêver, à réaliser, peut-être, en ce XXI° siècle.
Un sentiment entre fraternité et sororité.
Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant soeur et frère, tandis que dans d'autres langues (sauf en espagnol et en portugais, ainsi qu'en arabe), soeur et frère proviennent de deux mots différents. Englobant sororité (entre femmes) et fraternité (entre hommes), masculine et non machiste, l'adelphité désigne des relations solidaires et harmonieuses entre êtres humains, femmes et hommes."
Un sentiment entre fraternité et sororité.
Le mot adelphité est formé sur la racine grecque adelph- qui a donné les mots grecs signifiant soeur et frère, tandis que dans d'autres langues (sauf en espagnol et en portugais, ainsi qu'en arabe), soeur et frère proviennent de deux mots différents. Englobant sororité (entre femmes) et fraternité (entre hommes), masculine et non machiste, l'adelphité désigne des relations solidaires et harmonieuses entre êtres humains, femmes et hommes."
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Explication pour l'illustration plus haut :
c'est un moment où Dworkin parle des médicaments prescrits aux femmes
(aux États-Unis... mais on sait comment la France surconsomme aussi ce
genre de médicaments, surtout les femmes...) :
(p. 160) "Trente six millions de femmes peuvent être maintenues sous tranquillisants chaque année et le pays ne s'en rend même pas compte : leur énergie, leur créativité, leur humour, leur intellect, leur passion et leur engagement ne manquent à personne. C'est dire à quel point on tient en haute estime la valeur de ces femmes, leur contribution est jugée importante, leur personnalité, marquante et leur vigueur, essentielle."
(la dernière phrase étant bien entendu de l'ironie, gardons toute notre énergie et créativité, camarades féministes ;o)