dimanche 9 mai 2010

The Gossip et sa chanteuse Beth Ditto


Il a fallu qu'on me passe le Télérama avec sa couve sur le groupe musical "The Gossip" et sa chanteuse au physique remarqué, Beth Ditto, pour que je commence à l'écouter (le groupe existe depuis 11 ans, mais je ne suis pas l'actu musicale la preuve ...) ... Ce n'est pas seulement parce qu'elle se dit ouvertement féministe et j'ai aimé presque tout ce qu'elle dit sur les femmes ... sur le physique des gens en général et des manières de vivre, et surtout son énergie positive !!! Elle évoque aussi son homosexualité. Le site internet du groupe est ICI et bien entendu des concerts sont prévus prochainement en France... Mais peut-être la connaissiez-vous depuis longtemps ;o)

La chanson "Love long distance" est super aussi et bien d'autres ;o)

Extraits de l'interview dans Telerama de cette semaine (c'est difficile de détacher des morceaux d'interview sans dénaturer l'ensemble aussi je vous invite à le lire intégralement, p. 16 à 20) :

"Ma mère écoutait pas mal de blues, alors je me documentais sur B.B. King et les autres. C'est par ce biais que je me suis intéressée à l'histoire, aux luttes sociales, aux inégalités... Ma mère avait aussi une étrange passion pour Boy George, allez savoir pourquoi ! Elle était jeune elle avait 24 ans à ma naissance et j'étais son 4e enfant. Elle en a eu 4 autres après ... Nous vivions à 8 ou 9 dans un mobile home où tout était récupéré et rafistolé. On était très pauvres. Nous étions des "white trash" (déchets blancs) aux yeux des autres, mais ma mère refusait cette appellation. (...) Elle a toujours travaillé dur pour échapper à ce stéréotype qui voudrait qu'être pauvre signifie être bête, inculte, bon à rien...

[Ma mère et la vie qu'elle menait] m'a fait mesurer à quel point le combat des femmes est encore loin d'être gagné. Pourquoi s'est-elle retrouvée seule à élever ses enfants sans l'aide de leurs pères ? La plupart des gamins qui deviennent punk sont en rébellion contre l'autorité parentale. Moi j'étais en colère parce que je ne comprenais pas pourquoi ma mère subissait le jugement des autres, pourquoi sa vie était si dure. On lui reprochait de ne pas payer ses factures ou de ne pas assez bien nous nourrir. Et pendant ce temps - elle était infirmière - elle conseillait des gamines paumées, leur parlait de contraception. C'était mal vu. Mais on ne reprochait jamais rien aux hommes. C'était aux femmes d'être irréprochables. Pour moi le punk incarnait la solidarité envers tous ceux qui étaient maltraités. (...)"

(question) "D'où vous vient cette 'positive attitude' ?"
"J'ai bien essayé, petite, d'être négative, mais je ne pouvais pas m'empêcher de toujours tout relativiser. Je cherchais chaque fois à expliquer les raisons de ma colère et du coup elle se dissipait. Ce qui m'intéressait dans le mouvement Riot grrrl [info wikipedia ici] c'était moins de crier ma rage que de mettre le doigt sur ce qui n'allait pas. Pour moi ça devrait être la fonction de tout mouvement radical : ouvrir les yeux des gens, expliquer plutôt que se couper du reste du monde. Malheureusement le mouvement alternatif s'est replié sur lui-même. Comme s'il ne souhaitait pas aider les autres.

Or je n'ai jamais méprisé qui que ce soit, je ne me suis pas sentie supérieure. Surtout je n'ai jamais voulu traiter les autres comme on m'a traitée. On m'a rejetée parce que j'étais pauvre, grosse, mal habillée. Je me souviens, avec la chorale on chantait "We are the world", je devais avoir 8 ans et je fermais les yeux en chantant tant j'y croyais. Et toutes les autres filles se moquaient de moi. Ça m'a blessée sur le coup et puis subitement j'ai décidé de m'en foutre. J'étais bien comme ça, alors j'ai continué et je me suis sentie libérée. J'ai assumé ma différence. C'est ainsi que je suis venue au féminisme ..."