mardi 15 décembre 2009

Brigitte Grésy "Petit traité contre le sexisme ordinaire"


Ce "Petit traité contre le sexisme ordinaire" je l'ai trouvé au rayon "vie professionnelle" d'une librairie de quartier.

Le livre est construit en 3 parties...
Sexisme ordinaire :
- comment le débusquer ?
- comment le comprendre ?
- comment le combattre ?


Les cas pratiques rappelleront ce que l'on a soi-même vécu ou entendu. Certains exemples permettent de pointer le sexisme là où on ne ressent parfois qu'un "malaise" ou un "mal-être" au travail. Formateur car le livre envisage des parades ou manières de réagir devant certaines situations sexistes, toujours avec des exemples.

J'ai particulièrement aimé la 3e partie où il s'agit essentiellement d'attitudes, de postures ou de manières de (se) penser et d'agir afin de gagner le respect dans le monde du travail, pour donner le moins de prise possible au sexisme ordinaire !


Quelques extraits du livre :


«Je doute donc je suis», se disent les femmes. «Si je doute, je n’y suis pas», se disent les hommes. Et ils assurent, comme on leur a appris depuis l’enfance et comme mille modèles masculins les invitent à le faire. Ils sont passés maître dans le faire-valoir et la mise en lumière de leurs talents, alors que l’excellence féminine reste souvent dans l’ombre.


Car les femmes font toujours et assurent jusqu’au bout, parfois mieux que les hommes, mais elles sont anxieuses et du coup anxiogènes. Elles expriment leurs doutes pour mieux se rassurer, et pour qu’on les rassure, mais ce faisant elles désassurent. La défiance en soi crée de la défiance chez l’autre, même si cette expression de défiance n’est, pour les femmes, qu’un produit d’appel. (p. 68)


... Et donc les femmes en font plus et grimpent à tous les cocotiers. Surinvestissement et perfectionnisme deviennent les mots clés de leur réussite mais aussi de leur épuisement. Telle est leur deuxième disgrâce dans le monde du travail et notamment les postes à haute responsabilité. Mais quoi deplus normal dans un monde où (...) un homme est jugé compétent jusqu’à ce qu’il fasse la preuve de son incompétence, alors qu’une femme est jugée incompétente jusqu’à ce qu’elle fasse la preuve de sa compétence ? (p. 69)


Escamotées, invisibles, passantes ou ombres chinoises, tel est le sort réservé aux femmes dans les médias, alors que la vision surplombante, la distance, l’humour et l’expertise sont l’apanage des hommes. Ils sont experts quand les femmes sont témoins ou victimes. Les hommes, dans les médias, sont bien les acteurs de la marche du monde. Les médias professionnels ne sont pas en reste... (p. 90)


Un bombardement maximum : Les particules du sexisme ordinaire bombardent toutes les femmes en âge de procréer, sans exception, puis elles diffusent leur poison à petit feu tout au long de leur carrière. Mais de quoi s’autorise-t-on pour vilipender les femmes dans leur usage du temps ? (p. 126)


La fin de l’après-midi, par excellence le temps des enfants, fait l’objet en France d’un chantage sans précédent dans le monde du travail. À partir de 17 heures, c’est comme si toutes les femmes devenaient tout à coup indispensables à la bonne marche des services et entreprises et que ce n’était qu’avec un immense regret et par pure bonté d’âme qu’on les laissait partir... (p. 136)


L’apparence demeure le plus souvent, pour les femmes, une question fondamentale. La décision de s’habiller couleur muraille, sauf si elle vient d’un profond désintérêt pour la mode, n’est jamais anodine et s’explique par le souhait que rien n’accroche les regards sur le corps pour que seul l’esprit puisse être remarquable. C’est un peu le rôle conféré à l’uniforme qui permet de gommer le langage de l’habit. (p. 164)


Ainsi, sourire pour les femmes, exercice appris depuis l’enfance, est devenu une sorte de réflexe pour aborder les gens et échanger avec eux, qui évite de se poser la question de la stratégie relationnelle à adopter. (...) Mais en même temps, le fait de sourire s’accompagne de toute une gestuelle du corps. Il pousse à ouvrir les mains et, dès lors, à lâcher prise. Il introduit du tangage dans l’armature serrée du langage et du corps qui permet d’occuper toute sa place dans le champ du pouvoir. C’est pourquoi les femmes qui occupent des postes de responsabilité se dérobent souvent à cet exercice attendu du sourire convenu qu’elles vivent comme une faiblesse ou comme une trop grande ouverture qui donnerait prise sur elle. (p. 167)


De multiples techniques de prise de parole en public existent. Aux femmes de se les approprier... (p. 172)


Au sein des techniques de déstabilisation visant à mieux asseoir le pouvoir, il s’agit ici plus subtilement de débusquer et neutraliser les attaques déloyales de nature sexiste quand on essaye de vous faire trébucher parce que vous êtes une femme. (p. 177)


Sortez de votre zone de confort et déployez-vous pour occuper tout le champ des possibles ! Prendre les devants et se déplacer là où l’on ne vous attend pas constituent des boucliers très appréciables pour désamorcer les réactions stéréotypées des sexistes ordinaires, lesquels par conformisme consubstanciel ne se risquent pas sur des terrains mal balisés. (p. 187)

Fin de citations car impossible de tout citer, il faut lire le bouquin qui évoque aussi le réseautage, la ruse, le recadrage, l’humour, l’utilisation de compliments, le rapport de force et pas mal d'autres choses...


Brigitte Grésy "Petit traité contre le sexisme ordinaire", éd. Albin Michel (2009), 240 pages, 15 euros... et le site que l'auteure propose de rejoindre dans son livre :
http://www.sexismeordinaire.com/