mardi 30 juin 2015

des droits de l'homme aux droits humains y'a qu'un pas !


Éliane Viennot - professeure de littérature à l... par droitshumainspourtou-te-s 

Le compte rendu de la conférence du 21 mai 2015 pour Droits Humains est ICI... (j'ai mis des extraits plus bas)

Pour les vidéos des interventions C'EST ICI ! ...  (le son n'est pas parfait, avec des écouteurs ou un casque, on arrive à bien suivre)

N.B. : Si le mot "AUTRICE" vous défrise (il m'a beaucoup surpris au début, j'écrivais 'auteure')... pensez juste à Brigitte Bardot, Marion Cotillard, Anémone ou Sarah Bernhardt ^^ oui, des... actrices. Remarquez comme ce mot, usuel, ne nous écorche pas la bouche. Acteur-Actrice, Auteur-Autrice... Ce mot existe, ce n'est pas une "invention" féministe... Plus d'infos sur "autrice"? lire ICI en bas de la page 13 ^^

EXTRAITS...
Je recommande +++ le texte d'Éliane Viennot (p 13 et suivantes).
Elle travaille sur la langue comme une enquêtrice à la recherche de faits et dévoile que la langue n'a pas toujours été sexiste, et comment les hommes de pouvoir ont joué et jouent encore des mots pour exclure.  


• Nous (Zeromacho) avons fait réaliser une affiche sur le modèle du tableau célèbre présentant la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Ce texte fondateur de la démocratie française fut voté en 1789 à Paris par l’Assemblée nationale. Il exclut les femmes. Nous avons jugé utile de remédier à cette exclusion en proposant un texte mixte. La mixité apparaît dès le titre : Déclaration des droits humains des citoyennes et des citoyens. Sur le modèle de l’anglais, de l’allemand, de l’italien, de l’espagnol ou du russe, nous avons adapté « droits de l’homme » en « droits humains ». (Florence Montreynaud, pour Zeromacho)

• "L’expression « droits de l’Homme » se fonde sur un prétendu universalisme où « le masculin l’emporte » et représenterait « les femmes et les hommes ». Cet universalisme les représente tellement bien qu’il a exclu les femmes du suffrage universel direct pendant près d’un siècle, jusqu’en 1944 pour les femmes en France, et en 1958 pour les femmes en Algérie alors encore colonie française." (Romain Sabathier, Secrétaire général du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes)

• "L’histoire de la langue française nous montre que les mots sont marqués par les inégalités entre les femmes et les hommes. Pour preuve : il a fallu attendre la loi pour l’égalité réelle du 4 août 2014 pour que le code civil ne dise plus «en bon père de famille», pour parler de la conduite prudente et raisonnable d’un parent, homme ou femme ! Petit à petit, nous avançons. Continuons, pour en finir avec la logique discriminatoire encore véhiculée par la langue française et pour faire en sorte que la France parle à son tour de « droits humains », comme partout dans le monde." (Catherine Coutelle, députée de la Vienne, présidente de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale)

• "... il est essentiel de mettre en lumière la continuité entre les débats linguistiques et politiques, de montrer que les règles de grammaire
présentées comme intangibles et immuables sont en réalité des règles d’opportunité, construites pour soutenir l’inégalité, donc discutables."
(Claudie BAUDINO autrice de "Politique de la langue et différence sexuelle, la politisation du genre des noms de métier")

"On aurait d’ailleurs bien fait rire les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen si on leur avait demandé de confirmer que cette expression incluait les femmes. Il est vrai que ceux qui venaient de s’autoproclamer « Constituants » ne prirent pas le risque de préciser, dans ce texte, qui pouvait prétendre à ces glorieux titres – laissant rêver non seulement des millions de femmes mais aussi des millions d’hommes. Toutefois l’ambiguïté ne dura guère. Six mois plus tard, en décembre 1789, la même assemblée concoctait la première loi électorale, celle qui devait déboucher sur les élections municipales du printemps suivant. Il apparut alors que l’homme de la Déclaration avait un certain profil, plutôt nanti ; et que les femmes, même très nanties, n’en étaient pas." (Éliane Viennot, historienne spécialiste des relations de pouvoir entre les sexes, autrice de Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin !)

et pour finir, 6 préjugés dont le fameux "c'est un détail"... décortiqués en page 23 ! ... voilà... à télécharger ici...