«Le dictionnaire iconoclaste du féminin» pour en finir avec les clichés, d’Annie Batlle, Isabelle Germain et Jeanne Tardieu, illustré par Cécile Landowski.
Le seul dictionnaire que j'ai réussi à lire de A à X (on échappe au Y-Z ;o) presque d'un seul trait ! Informatif, culturel ou drôle selon les mots ou expressions choisies, mais toujours savoureux et plein d’énergie ! Un plus : les nombreuses illustrations «silhouettes», clin d’oeil qui fait écho avec le texte.
Et comme toujours, je préfère vous présenter quelques extraits, ainsi que 2 illustrations tirées du livre. Ne loupez surtout pas «classe politique», «réseaux», «travailler plus pour gagner moins», «fécondité» et autres «ragnagnas» ;o)
Extraits ...
"ALLAITEMENT
Le sein-bol
Premiers repas offerts au nourrisson lorsqu’il apparaît. Et comme le nouveau-né est, pour ses parents, la personne la plus importante au monde, c’est du 20 fourchettes au Michelin, cinq étoiles minimum au restau, couverts en argent, produits extra-frais et tout le toutim. Et les auteurs de ses jours de se jeter sur les guides du bon parent pour lui offrir le nec plus ultra. Que leur disent ces guides ? Le discours dominant varie en fonction des époques et de la conjoncture économique.
Le seul dictionnaire que j'ai réussi à lire de A à X (on échappe au Y-Z ;o) presque d'un seul trait ! Informatif, culturel ou drôle selon les mots ou expressions choisies, mais toujours savoureux et plein d’énergie ! Un plus : les nombreuses illustrations «silhouettes», clin d’oeil qui fait écho avec le texte.
Et comme toujours, je préfère vous présenter quelques extraits, ainsi que 2 illustrations tirées du livre. Ne loupez surtout pas «classe politique», «réseaux», «travailler plus pour gagner moins», «fécondité» et autres «ragnagnas» ;o)
Extraits ...
"ALLAITEMENT
Le sein-bol
Premiers repas offerts au nourrisson lorsqu’il apparaît. Et comme le nouveau-né est, pour ses parents, la personne la plus importante au monde, c’est du 20 fourchettes au Michelin, cinq étoiles minimum au restau, couverts en argent, produits extra-frais et tout le toutim. Et les auteurs de ses jours de se jeter sur les guides du bon parent pour lui offrir le nec plus ultra. Que leur disent ces guides ? Le discours dominant varie en fonction des époques et de la conjoncture économique.
Plein emploi ? Les laits maternisés sont sains, hygiène irréprochable, faciles à doser, ils permettent de savoir exactement ce qu’ingurgite l’enfant. Pratiques, ils peuvent être offerts à l’enfant par toute personne susceptible de s’en occuper. Et maman peut aller au turbin tranquille.
Le taux de chômage augmente ? L’allaitement au sein est le seul recommandé. Il est sain, procure des anticorps, prévient les maladies et favorise la relation mère-enfant garante du bon développement du bébé, lequel, grâce à cela, n’ira jamais s’allonger sur le divan d’un psy contrairement à son copain avaleur de biberons et sans affect.
L’académie des concierges relaie et amplifie ces théories séduisantes mais contestables. Entre plusieurs anciens bébés nourris au lait maternisé et nourris au sein, lesquels sont les plus épanouis, les moins malades, et à quoi est-ce dû ? Bien malin qui peut le dire.
BIJOUX
«La très chère était nue et connaissant mon coeur, Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores» Baudelaire
De tout temps, hommes et femmes se sont parés de bijoux, comme en témoignent les tombes les plus anciennes, un peu partout sur la planète. Si l’or était symbole de puissance, certaines civilisations prêtaient aux pierres précieuses des vertus thérapeutiques, voire la capacité de chasser le mauvais oeil. Hommes et femmes se paraient autant que leur fortune et leur rang le leur permettaient.
En des temps troublés, qu’il s’agisse de la guerre de Trente Ans ou, plus près de nous, de la Deuxième Guerre mondiale, les bijoux permettaient de s’enfuir en sauvant quelques biens. Pendant la révolution russe, l’agonie des filles du tsar Nicolas II fut particulièrement longue : les nombreux bijoux cousus dans leurs vêtements et leur corset faisaient ricocher les balles tirées par le commando révolutionnaire qui exécutait la famille impériale.
Quand vint le XIXe siècle, les hommes s’habillèrent de noir, ne gardèrent qu’une chaîne de montre et laissèrent aux femmes couleurs vives et bijoux. Les diamants étaient réservés aux seules femmes mariées, les jeunes filles n’ayant droit qu’aux perles. Les «grandes horizontales» se faisaient offrir les parures les plus chères possibles qui montraient leur valeur sur le marché.
Le taux de chômage augmente ? L’allaitement au sein est le seul recommandé. Il est sain, procure des anticorps, prévient les maladies et favorise la relation mère-enfant garante du bon développement du bébé, lequel, grâce à cela, n’ira jamais s’allonger sur le divan d’un psy contrairement à son copain avaleur de biberons et sans affect.
L’académie des concierges relaie et amplifie ces théories séduisantes mais contestables. Entre plusieurs anciens bébés nourris au lait maternisé et nourris au sein, lesquels sont les plus épanouis, les moins malades, et à quoi est-ce dû ? Bien malin qui peut le dire.
BIJOUX
«La très chère était nue et connaissant mon coeur, Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores» Baudelaire
De tout temps, hommes et femmes se sont parés de bijoux, comme en témoignent les tombes les plus anciennes, un peu partout sur la planète. Si l’or était symbole de puissance, certaines civilisations prêtaient aux pierres précieuses des vertus thérapeutiques, voire la capacité de chasser le mauvais oeil. Hommes et femmes se paraient autant que leur fortune et leur rang le leur permettaient.
En des temps troublés, qu’il s’agisse de la guerre de Trente Ans ou, plus près de nous, de la Deuxième Guerre mondiale, les bijoux permettaient de s’enfuir en sauvant quelques biens. Pendant la révolution russe, l’agonie des filles du tsar Nicolas II fut particulièrement longue : les nombreux bijoux cousus dans leurs vêtements et leur corset faisaient ricocher les balles tirées par le commando révolutionnaire qui exécutait la famille impériale.
Quand vint le XIXe siècle, les hommes s’habillèrent de noir, ne gardèrent qu’une chaîne de montre et laissèrent aux femmes couleurs vives et bijoux. Les diamants étaient réservés aux seules femmes mariées, les jeunes filles n’ayant droit qu’aux perles. Les «grandes horizontales» se faisaient offrir les parures les plus chères possibles qui montraient leur valeur sur le marché.
L’homme pare sa femme ou sa maîtresse, qui témoigne ainsi de la magnificence de son seigneur et maître. La coutume des pays anglo-saxons veut que le prix de la bague de fiançailles soit équivalent à un mois de salaire du fiancé. Une femme qui reçoit un bijou a un prix pour l’homme qui le lui offre. Quant à la femme qui s’en achète, elle augmente sa valeur. Les joailliers de la place Vendôme ne s’y trompent pas en développant des lignes «petits prix» accessibles au plus grand nombre.
Et puis, il y a le cas où les bijoux sont les seuls biens inaliénables des femmes : Moyen-orient, Inde, voire monde chinois... Le prix de l’or sur les marchés mondiaux augmente pendant la saison des mariages en Inde. Quoi qu’il arrive, veuvage ou répudiation, elles garderont les bijoux qui deviennent alors une véritable assurance-vie.
BIJOUX DE FAMILLE
Parties génitales ou joyaux de ces messieurs
Si les femmes ont leurs bijoux et autres parures, les hommes ont leurs «bijoux de famille». N’y a-t-il rien de plus précieux que ce qui se trouve entre leurs jambes ? L’aspect familial de la chose renvoie bien sûr à la perpétuation de l’espèce et de la lignée. L’organe le plus précieux de l’anatomie masculine serait la reproduction et non la réflexion.
Pendant longtemps, les règles de la décence en vigueur ont conduit peintres et sculpteurs à cacher «les bijoux de famille» ; aux yeux de l’Église catholique en particulier, l’homme ne doit pas exister en dessous de la ceinture. Ainsi, successivement, Paul IV et Clément XII firent voiler l’anatomie de certains personnages du Jugement dernier de la chapelle Sixtine, dont celle du Christ.
Pour mémoire, bijoux et joyaux viennent du mot «joie», dont tous les bijoux sont susceptibles d’en donner.
ENTREPRENDRE AU FÉMININ
Le prix de l’indépendance
Confrontées à un marché de l’emploi qui ne leur donne pas toutes leurs chances, beaucoup de femmes créent leur entreprise pour développer les projets qui leur tiennent à coeur et aménager à leur guise leur emploi du temps.
Mais du projet à la pratique, il y a bien sûr un monde. Elle sont aussi nombreuses que les hommes à vouloir créer leur entreprise, mais elles ne représentent que 30% des créateurs d’entreprises et 27% des dirigeants des PME/TPE. Ces chiffres restent constants depuis 10 ans. En Amérique du Nord, 50% des créateurs d’entreprises sont des femmes mais elles ont commencé 20 ans plus tôt.
Dans l’agriculture les femmes constituent 24% des chefs d’exploitation, sans grande évolution depuis 2000. Dans l’artisanat, la proportion de femmes chefs d’entreprise progresse légèrement depuis 10 ans et s’élève à 20,5%. Dans les professions libérales on compte 45% de femmes chefs d’entreprise dans les secteurs de la santé et des activités juridiques qu’elles ont investis très tôt.
Un rapport du Conseil économique et social creuse la question : recherche d’indépendance et goût d’entreprendre les motivent autant que les hommes mais les femmes mettent plus souvent en avant une opportunité qui s’est présentée etle désir de créer leur propre emploi (68% contre 59%). La moyenne d’âge des créatrices et créateurs est similaire (38 ans) mais les femmes sont plus diplômées : 65% sont titulaires du baccalauréat ou d’un diplôme plus élevé contre 47% des hommes. En revanche, elles bénéficient moins souvent qu’eux d’une expérience professionnelle en lien direct avec le secteur de création (...).
GOLF
Activité sportive mondaine
Longtemps exclusivement masculine. Ces messieurs avec ou sans handicap, s’y retrouvent entre pairs, font du business, tout en s’aérant et en échappant aux félicités domestiques. La règle de base : viser un trou et y pénétrer avec le minimum de coups. Sans commentaire.
LIBERTÉ D’EXPRESSION ... DE QUI ?
Liberté d’insulter les femmes
«Sale pute», «je vais te Marie-Trintigner», «quand elle dit non, j’entends oui», «ta copine est trop étroite ? Vas-y avec un couteau»... Ces sordides expressions employées dans des chansons ou des publicités relèveraient de la plus pure liberté d’expression. Et cesont en général de hautes autorités politiques et intellectuelles qui l’affirment. Ministres de la Culture, directeurs de festivals, «grands» journalistes... (...)
Et pendant ce temps, une femme meurt tous les 3 jours sous les coups de son compagnon, en France, en 2009. Pourtant la question de la liberté d’expression est très simple : soit elle n’a aucune limite et on ne réprime pas les propos racistes, homophobes, nazis... Soit elle a des limites qui sont l’insulte et l’incitation à la haine et à la violence et c’est valable pour les femmes aussi.
RIRE
L’arme fatale
Une croyance populaire voudrait qu’une femme comique ne soit pas sexy. En revanche pour les hommes, il s’agirait d’une arme de séduction redoutable : «Faites-la rire et c’est à moitié gagné.»
Oui, le rire est le propre de l’homme et possède une force politique et sociale dévastatrice, que l’on songe aux blagues racontées à l’ère communiste contre le régime dans les démocraties populaires comme : «Sur la place rouge, un groupe de 3 personnes déambulent : l’une sait lire, l’autre sait écrire, la troisième est là pour surveiller ces deux dangereux intellectuels.»
Le rire serait-il une arme trop dangereuse pour être confiée aux femmes ? Mettre les rieurs de son côté, un acte insupportable ? Attention, les femmes investissent progressivement le territoire de l’humour et quelques one-woman shows font un tabac."
«Le dictionnaire iconoclaste du féminin» pour en finir avec les clichés, d’Annie Batlle, Isabelle Germain et Jeanne Tardieu, illustré par Cécile Landowski, éd. Bourin, 240 pages, 19 euros.
>> le site de l’éditeur ICI
>> L’une des auteures, Isabelle Germain a créé le site d’information www.lesnouvellesnews.fr
DÉDICACE : Les auteures dédicaceront leur livre le Jeudi 18 mars à partir de 17h30 à la librairie Julliard, 229 bd Saint Germain 75007 Paris.