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Un communiqué de la Fédération Nationale Solidarité Femmes du 31 mars sur l'affaire de ces paroles immondes, d'une violence aux femmes et d'un sexisme extrêmes :
“Orelsan : provocation ou symptôme d’une banalisation de la violence?
Au-delà de l’indignation justifiée et provoquée par la chanson d’Oreslan, dont les paroles banalisent la violence voire y incitent, une constatation s’impose : la dégradation de l’image des femmes véhiculée à travers certaines chansons, médias ou publicités à destination non seulement du public jeune mais aussi de toutes les tranches d’âge.
Triste constat : il est reconnu que les inégalités hommes femmes, les représentations figées et négatives des rôles sexués, et le refus d’accorder aux femmes la liberté et le droit à disposer de leur corps favorisent les actes de violences de tout type à l’égard des femmes. Pourtant de nombreux textes comportant des insultes à caractère sexuel et toujours accordées au féminin circulent en toute impunité et sont véhiculés dans la plus grande indifférence.
D’un côté, des constatations indignées sur l’ampleur du phénomène des violences conjugales – phénomène qui émerge avec l’amélioration du recueil de données concernant les homicides au sein du couple : une femme meurt tous les 2 jours et demi en France -, de l’autre une vision dégradante et inégalitaire visant à "rabaisser les filles" et des incitations à la haine et la violence sexiste. En France, le système patriarcal encore ancré dans les mentalités résiste bien aux demandes d’évolution et de changement et pas seulement chez les jeunes.
A titre d’exemple, une enquête sur les comportements sexistes et les violences envers les filles, réalisée dans le 93[1], montre que les jeunes femmes de 19 à 24 ans ont vécu de nombreuses violences en particulier au cours de l’enfance et de l’adolescence. 14% des enquêtées ont subi des agressions sexuelles au cours de leur vie. La grande majorité des viols ont été commis par un membre de la famille, un proche ou leur petit ami.
Leur liberté de circuler dans les lieux publics reste entravée : durant l’année précédent l’enquête, 60% des jeunes filles interrogées déclarent y avoir subi un harcèlement sexuel du fait d’hommes adultes.
La socialisation des jeunes dans leur rapport à l’autre sexe passe aussi par les revues « féminines » destinées aux filles, les médias, les chansons, voire les films pornographiques du côté des garçons. A l’inverse, les programmes d’information sur l’égalité filles-garçons ou contre la violence dans les établissements scolaires restent peu nombreux et les rôles sexués très marqués entre les 2 sexes perdurent.
L’apologie de la violence, telle que la pratique Orelsan « tu vas te faire marietrintigner ». « "Sale Pute" "On verra comment tu fais la belle avec une jambe cassée. On verra comment tu suces quand j'te déboiterais la mâchoire" … "Si j'te casse un bras considère qu'on s'est quittés en bons termes …J'vais te mettre en cloque (sale pute) Et t'avorter à l'opinel », fait froid dans le dos lorsque l’on connaît la triste réalité de certains homicides qui s’apparentent parfois à des actes de torture et de barbarie.
Les campagnes de sensibilisation contre les violences faites aux femmes auront un moindre impact, si ce type de texte continue à être diffusé sans limite auprès des jeunes, et si les artistes ne s’engagent pas contre les violences. Certains l’ont compris, d’autres agitent un dangereux chiffon de provocation.
Orelsan invoque le « contexte » de ses textes. Le seul contexte qui puisse être avancé est celui de la violence qui s’exerce contre les femmes. Les actions de prévention auprès des enfants et adolescents pour lutter en amont contre les violences faites aux femmes méritent d’être développées.
Enfin, la loi devrait interdire la publication de tels appels à la haine, à la mutilation et au meurtre contre les femmes. Il en est ainsi des lois contre le racisme et l’antisémitisme, les femmes ne peuvent en être exclues. Or, la notion de « sexisme » n'apparaît pas dans la législation française comme dans la loi le racisme a pu l’être, et il reste un tabou. Il est nécessaire d’y remédier.”
31 mars 09
Françoise Brié
Vice-présidente de la Fédération Nationale Solidarité Femmes (FNSF)
La FNSF est constitué d’un réseau de plus de 60 associations spécialisées dans l’accompagnement et l’hébergement de femmes victimes de violences conjugales. Elle gère également le numéro national 3919, Violence Conjugale Info.
[1] Observatoire des violences envers les femmes. Enquête sur les comportements sexistes et les violences envers les filles.
www.seine-saint-denis.fr/Enquete-sur-les-comportements.html