“Je demande pitié pour les femmes !
pour ces corps fracassés, brûlés,
assassinés que l'on retrouve un soir
ou un matin au carrefour de la haine...
Je demande pitié à ces hommes égarés
qui confondent la femme et la propriété.
Je demande pitié pour tous ces désamours
qui déchirent l'amour comme une feuille de papier
Je demande pitié pour les femmes
qui veulent leur liberté et que l'on
emprisonne dans la mort.
Je demande pitié pour ces mères
qui n'enfantent que la mort
pour cause de désaccord...
Je demande pitié pour ces soeurs
auxquelles on ôte la chance de vivre
en soeur des hommes.
Je demande pitié pour les femmes
qui ne sont pas des saintes
et qu'on jette au bûcher
comme des sorcières infâmes.
Je demande pitié pour les femmes
qui veulent dire adieu ou simplement au revoir
et dont on tranche les liens à coups de couteau,
de pierre ou de fusil.
Je demande pitié pour la Guadeloupe
afin que les hommes comprennent que la vie
est plus grande qu'eux, plus respectable que leur
orgueil, plus généreuse que leur égoïsme,
plus sacrée que leur honneur.
Je demande pitié pour le sang versé, gaspillé,
éparpillé, exigeant que les hommes comprennent
que le sang est précieux,
que la femme ne doit pas être la cible
de leurs frustrations, de leur incapacité à aimer,
à dialoguer, à comprendre, à pardonner,
à partir ou à construire une relation
qui soit vraiment humaine.
Je demande pitié en ma qualité de fils,
de mari, de père, de frère...
Je demande pitié pour que les hommes
et les femmes retrouvent dans ce pays l'honneur
et le respect de se donner la main par-delà
les douleurs, les malentendus, les jalousies et
les divorces.
Je demande pitié car en tuant une femme,
coupable réelle ou imginaire, c'est la dignité
de l'homme qu'on assassine.
Je demande pitié car une société se mesure
à la façon dont elle traite les femmes.
Je demande pitié pour que cesse le désastre
des orphelins, des familles endeuillées,
des parents éplorés, des cimetières honteux
d'accueillir des martyrs (...)”
(texte du poète/écrivain guadeloupéen Ernest Pépin, paru dans France-Antilles en janvier 2009). Merci à Maryse et Marie-France pour la transmission ;o)
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Après Pitié pour les femmes ...
bientôt sur vos écrans, Pitié pour les machos ;o))